Ça pourrait changer.

C’est dommage, quand même. La communication à la fac, c’est pas le top. La formation théorique reste encore très centrée bouquins. Les informations reçues sont périssables, et parfois critiquables. La médecine générale pendant le deuxième cycle n’est ni visible ni connue. Les formations pluriprofessionnelles ou entre facultés, c’est pas encore au point.

Mais tout ça, ça pourrait changer.

Ça change déjà, pour certains points, dans certains endroits.
Ça change, parce que des gens motivés s’y mettent, localement, dans certains DMG ou collèges d’enseignants. Vous pouvez lire ça chez docteurmilie.
Ça change, et ça pourrait changer encore plus, et ça ne serait pas forcément si compliqué que ça. DocteurGécé et GéluleMD nous racontent comment.

Sauf que pour que ça change vraiment, à mon avis, il va falloir changer de point de vue, et créer des filières d »information et de formation parallèles à la fac.

A mon sens, les DMG peuvent facilement ouvrir des comptes twitter, et des pages facebook, pour relayer les infos de la fac, comme à Paris Descartes. On peut parler à la fac du #MededFr, du #DocsTocToc, du #FOAMed, des blogs. On peut y encourager les enseignements pluriprofessionnels, l’évaluation des enseignements, le doute. Et c’est déjà un grand pas.

Par contre, pour le « vrai » 2.0, pour les débats, pour le dialogue, pour un tableau d’ensemble créé par les avis de chacun, c’est autre chose.

La FUMG, Filière Universitaire de Médecine Générale, est utile. Nécessaire, même. OUI, la médecine générale est une spécialité qui justifie amplement une place dans l’enseignement et la recherche, en plus de sa place dans le soin.  Et pour ça, il faut une filière universitaire. Qui ait les moyens de faire son boulot, tant qu’à faire. Pour ça, le CNGE, les syndicats, et les enseignants des DMG, ont accompli un travail remarquable depuis des dizaines d’années, en développant petit à petit une place pour la MG dans les facs de médecine.

Sauf qu’il y a, au sein de cette FUMG, plein de règles à suivre.
Comme c’est la fac, ça a un côté sanctionnant. Il faut évaluer, forcément, et noter. Ça va pas trop trop avec le 2.0. Exemple : si on rend l’analyse biopsychosociale du dernier billet de Jaddo obligatoire par les étudiants, on risque fort de  les dégoûter (et je suis pas certaine que ça emballe franchement Jaddo ou les autres blogueurs).
Il y a également dans la FUMG des enjeux politiques et une quête de reconnaissance qui m’échappent parfois.
Les acteurs principaux de la formation, étudiants et maîtres de stage de terrain, ne s’y retrouvent pas forcément. Ils ont l’impression que la FUMG est en train de se déconnecter du terrain. La théorisation du métier, c’était une étape nécessaire pour la reconnaissance de la spécificité du métier de généraliste, et c’est nécessaire pour la recherche.
Mais à un moment faudrait arrêter de penser que tous les étudiants, enseignants ou maîtres de stage, savent, veulent et peuvent comprendre le jargon pédagogique parfois hermétique du CNGE, et utiliser ce genre de trucs.

C'est joli, hein? Une roulette combinatoire, que ça s'appelle.

C’est joli, hein? Une roulette combinatoire, que ça s’appelle.

La FUMG, c’est la partie émergée de l’iceberg « formation en médecine générale ». La surface, la vitrine. Mais comme toujours, la majorité de l’iceberg est sous l’eau. Ce sont les maîtres de stage, les patients, les étudiants, les soignants, tous ceux qui font la médecine générale au quotidien.

Physique de base : si la partie sous-marine  de l'iceberg s'en va, la surface coule.

Principe de base : si la partie sous-marine de l’iceberg s’en va, la surface coule. Conclusion : la surface-FUMG a besoin de la base-LeResteDeLaMG.

Le principe même du 2.0, c’est la collaboration, la connexion. Pas (seulement) la connexion internet, mais surtout la connexion des gens entre eux, horizontale, sans hiérarchie imposée.
Et c’est cette connexion, cette collaboration, qui lui donnent tout son pouvoir. Le 2.0, c’est la mise en pratique du « on est plus intelligents à plusieurs ». Regardez Wikipedia : tout le monde peut participer, mais les informations doivent être neutres, et systématiquement sourcées. Les articles sont en amélioration continue, chacun pouvant corriger une erreur ou préciser un point obscur. En quelques années, ça a donné une encyclopédie communautaire, gratuite, d’une richesse incroyable.

Le 2.0, ça peut révolutionner la formation médicale. Mais pour ça, il faut qu’on s’y mette tous. Pour faire changer les choses, plus on est nombreux, plus on sera efficaces. Inscrivez-vous sur twitter, venez échanger, venez participer au #MededFr. En local, militez auprès de votre DMG ou de votre collège régional de maîtres de stage pour améliorer la communication et la diffusion d’information, pour créer des espaces de discussion, physiques ou virtuels.

Donnez votre avis. Proposez vos idées, débattez…

Pour que la formation en médecine générale soit à l’image de notre activité quotidienne auprès des patients : connectée au monde réel.

D’autres points de vue sur le sujet :
Docteurmilie
DocteurGécé
GéluleMD



Et petite page de pub perso : si vous dépendez de la fac de Nantes, n’hésitez pas à rejoindre le CGELAV. Depuis plus de deux ans que j’y suis, avec le reste de l’équipe, on défend l’idée d’en faire un lieu d’échanges et de propositions (et pas seulement une antenne locale, « descendante », du CNGE).

LOGO CGELAVgmail

L’année dernière, on a organisé des tables rondes avec maîtres de stage et étudiants, pendant lesquelles tout le monde avait la parole. Pas de censure, pas d’expert. C’était une belle journée, avec plein d’idées et de projets pour la suite. Ce jour-là, nous étions une cinquantaine à imaginer comment la formation et les stages pourraient évoluer, en tenant compte des contraintes pratiques et de la « vraie vie ». Cette année, on a passé à la moulinette une nouvelle grille d’évaluation des internes en stage. En s’inspirant des travaux du CNGE, mais en en essayant d’en faire un outil compréhensible par tout le monde. Pas clair? On modifie, ou on enlève. Cette grille n’est pas figée, elle a vocation à être améliorée en fonction des retours des uns et des autres.

Du 2.0 à la sauce locale, en discutant autour d’une table, mais qui ne demande qu’à s’étendre. 

C’est pour ça qu’on lance un blog / espace de discussion, ouvert à tous, MSU, internes, les autres, nantais ou non.
Rendez-vous sur http://www.cgelav.fr/le-blog-du-cgelav/, ou sur facebook et sur twitter!

4 réflexions au sujet de « Ça pourrait changer. »

  1. Ping : Deux poings. | Docteur Gécé

  2. Après l’hopital, à une époque où l’enseignement de la MG était inexistant, j’ai fait des remplacements pendant 3 ans. L’incroyable solitude de ce boulot n’a pas été sans lien avec le fait que lorsque l’opportunité de rejoindre la vie en entreprise s’est pointée je l’ai saisie. De retour -prochainement- à la médecine, j’ai découvert grâce à Christian Lehmann cette médecine 2.0 et en quelques semaines cela m’a semblé juste une révolution, pas moins. En tant « qu’étudiant » cet espace d’expression, d’échange, de partage m’est devenu indispensable. En tant que futur MG en ville, je sais que je ne serai pas seul et c’est immense. S’ajoute enfin, mais c’est assez personnel, cette sensation nouvelle d’avoir des pairs, ce qui ne m’étais jamais arrivé (un chef d’entreprise ça n’a pas des pairs très fréquentables en moyenne). Et cette sensation est étonnament stimulante. Merci de ce post plein de liens riches.

  3. Ping : Ça pourrait changer. | Jeunes Méd...

  4. La formation des médecins doit changée et la médecine générale doit être vue différemment. Nous avons besoin de cette médecine de proximité, pourtant pour les étudiants en médecine, cette spécialité est mal vue, voire synonyme d’un échec (mauvais classement).

Laisser un commentaire