C’est dommage, quand même. Episode 2

En neuf ans de médecine, j’ai appris beaucoup de choses. Des choses utiles, des choses moins utiles. Des choses dont je me souviendrai toute ma vie, et des choses que j’ai oubliées.
Parmi tout ça, il y a des choses que j’ai eu beaucoup, beaucoup de mal à apprendre.

Parce que les livres et les polycopiés et les transparents (oui, je suis un peu vieille, j’ai eu des cours sur transparents), c’est bien joli, mais ça n’a rien à voir avec la vraie vie. 

Evidemment, l’idéal, c’est de pouvoir apprendre en pratique, en stage, avec des patients qui ont donné leur accord, avec des soignants qui connaissent leur métier et ont envie de transmettre. 

Mais même en imaginant une configuration complètement bisounoursienne où ça se passe comme ça en stage, on ne peut pas passer dans tous les services. On n’y rencontre pas toutes les pathologies, tous les signes cliniques. Et les laboratoires de simulation sont à l’heure actuelle aussi répandus dans les facs que les dahus. Donc il y a forcément des choses qu’on n’apprend qu’en théorie.

Par exemple, j’ai appris à examiner les patients présentant des vertiges comme ça :

http://www.orlfrance.org/college/DCEMitems/DCEMECNitems344.html

Cours du collège français d’ORL concernant l’item 344 des ECN : « Vertige (avec le traitement) ».

Ça vous parle pas? Moi non plus. Je l’ai lu, et relu, et rerelu. Mais j’ai un sens de la représentation dans l’espace complètement déficitaire. Alors j’ai bêtement appris par coeur.
Jusqu’au jour où je suis tombée sur ces vidéos, ici et . Et que j’ai eu l’impression d’un coup de comprendre de quoi on me parlait, et comment l’utiliser pour prendre en charge mes patients.
C’est pas tout à fait aussi bien que d’apprendre à le faire auprès des patients avec un maître de stage motivé. Mais c’est quand même beaucoup mieux que le bouquin. Et puis on peut revoir la vidéo, y’a les commentaires en même temps, on peut même la montrer au patient pour lui expliquer ce qu’on va lui faire.

Des ressources comme celles-ci, il y en a plein. Elles sont même recensées sur twitter, sous le hashtag #FOAMed. Pour Free Open Access Medical education. Pour tout le monde, tout le temps, de partout. Des vidéos d’examen clinique chez les nourrissons, des radios ou ECG intéressants… il n’y a que l’embarras du choix. 

C’est dommage, quand même, qu’on n’en entende pas du tout parler à la fac. Et que la majorité des ressources soient en anglais. 

Ça pourrait changer.

Rendez-vous jeudi prochain.

Episode 1
Episode 2
Episode 3
Episode 4
Episode 5
Ça pourrait changer 

7 réflexions au sujet de « C’est dommage, quand même. Episode 2 »

  1. C’est marrant parce que pasplus tard que la semaine dernière, en apprenant les vertiges dans Mon Guid Thérapeutique, je me suis dit cherchons sur youtube si quelqu’un a pas fait une vidéo sur Dix, Hallpike et consorts. Et j’en ai trouvé plein, toutes un peu différentes… C’est sûr que c’est bien plus parlant que par écrit, mais y’a le même problème qu’avec toutes les infos médicales en général : chaque personne qui la transmet le fait à sa manière, plus ou moins bien, et il faut aussi passer du temps à étudier plusieurs sources. Et y’a as un temps infini.

  2. J’ai mis un lien vers l’examen clinique et une super vidéo sur le fonctionnement du rein sur le site de mon cours de L3. Le nombre de clics sur ces deux trucs représente moins de 10 % de la promotion. J’ai arrêté de rajouter des liens et de les chercher. Je veux bien croire que google est largement utilisé.

    • Ça doit être très décevant de voir que ça ne fonctionne pas mieux que ça… Mais c’est comme pour les cours ou même les stages, malheureusement tous les étudiants ne vont pas être motivés pour aller voir tout ça. :-/

  3. Je me suis relancée récemment dans ces manoeuvres apres avoir bien regardé sur youtube + discussion sur twitter. 2 fois le patient est reparti plus mal qu’il n’est entré dans mon cabinet lol ! Du coup de n’ose plus le faire.

  4. Ping : Une page qui s’ouvre | Journal de bord d'une jeune médecin généraliste de Seine-Saint-Denis

  5. Ping : C'est dommage, quand même. Episode 2 | Je...

Laisser un commentaire