Quelques idées pour prendre soin de la médecine générale

(si vous souhaitez soutenir ces propositions, rendez vous sur atoute.org pour signer le formulaire de soutien)

Edit du 4 septembre : à lire pour mieux comprendre la démarche

J’adore mon métier de médecin de famille. Je ne me vois pas faire autre chose, ça m’apporte plein de petits bonheurs, et un certain accomplissement. Et pourtant, mon métier est malade.

J’avais bien des appréhensions sur l’exercice libéral.
J’avais raison. Les aspects qui me faisaient peur avant de m’installer sont ceux qui me font le plus soupirer ou rager maintenant. La gestion de la petite entreprise que représente le cabinet médical, l’URSSAF, la comptabilité, les paperasseries. J’ai été formée pour le médical, mais pas du tout pour tout ça. Je ne suis pas très compétente pour ces aspects-là, et ça ne me plaît pas.
Mais pas le choix, pour exercer la médecine de famille que j’aime, c’est obligatoire. Le revers de la médaille. Symptômes de la maladie qui attaque la médecine générale.

Je me suis installée très vite après ma thèse. Parce que j’avais trouvé un cabinet qui m’allait bien, des collègues avec lesquelles je partage des valeurs et des principes.
Je ne travaille pas en zone blanche. Mon secteur n’est pas considéré comme un désert médical. Et pourtant, moins de 5 ans après mon installation, je ne peux plus accueillir de nouveaux patients, mon planning déborde déjà. C’est le cas de quasiment tous mes confrères, et je comprends à quel point ça peut poser problème pour les nouveaux habitants du secteur. Mais je ne veux pas consulter la nuit, je ne veux pas faire des consultations de 10 minutes, j’ai besoin de temps pour faire ce que j’estime être du bon travail.
Et je suis inquiète, car dans les deux ans qui viennent, 3 médecins de la petite ville d’à côté partent à la retraite, sans perspective de reprise. Il faudra bien prendre leurs patients en charge. Je ne sais pas comment on va faire. Travailler plus vite, je ne sais pas faire. Travailler plus, je ne tiendrai pas sur le long terme. Ça fait peur, ça décourage. Et la maladie s’étend.

La médecine générale est malade.

Il paraît que c’est la faute aux jeunes-qui-ne-veulent-plus-s’installer. Qu’on devrait leur imposer de s’installer dans les déserts médicaux, après tout, « ils doivent bien ça à la communauté qui a payé leurs études » (argument non recevable vu le service fourni à bas prix par les externes et internes dans les hôpitaux). On a entendu tout un tas de propositions ces derniers temps, de « Y’a qu’à demander aux vétérinaires » à « Les généralistes ça sert à rien » en passant par le classique : « Faut les obliger« .

Rien de tel pour donner envie aux étudiants de prendre leurs jambes à leur cou, et de choisir autre chose que la médecine générale. Rien de tel pour se retrouver avec des généralistes surmenés, travaillant sous pression, qui finissent par craquer et dévisser leur plaque.

Mais avec un peu d’imagination et de volonté de changement, on peut prendre soin de la médecine générale, et la rendre plus efficace, plus dynamique et plus attractive.

Imaginez…
Des maisons universitaires de santé implantées un peu partout sur le territoire, dans les campagnes, les banlieues, les villes, avec des médecins seniors et des jeunes chefs de clinique en médecine générale impliqués dans la recherche et dans la formation d’internes et d’externes.
Des statuts et des modes de rémunération différents, mélangeant salariat, capitation, paiement à l’acte, avec une vraie protection sociale pour les médecins (congés maladie, par exemple).
Des agents de gestion et d’interfaçage, chargés de gérer tout l’aspect administratif des maisons de santé et formés pour ça.
Une formation médicale initiale et continue indépendante de l’industrie pharmaceutique.

Ces propositions, et quelques autres, sont détaillées dans le document ci-dessous. 24 médecins généralistes blogueurs en sont signataires, et d’autres, généralistes ou non, blogueurs ou sur twitter, sont intervenus dans la réflexion. Elles sont inspirées par notre pratique quotidienne, elles tiennent compte des besoins des patients, des étudiants, des médecins, et de notre système de sécurité sociale solidaire.

Médecine générale 2_0

A terme, patients, soignants, nous serions tous gagnants. Vous souhaitez soutenir ces propositions? Vous pouvez signer ici, en bas de l’article. N’hésitez par à donner votre avis, à laisser vos commentaires, sur ce blog ou sur l’un des autres.

AliceRedSparrowBoréeBruit des sabotsChristian LehmannDoc MamanDoc SouristineDoc BulleDocteur MilieDocteur VDominique DupagneDr CouineDr FoulardDr Sachs JrDr StéphaneDzb17EuphraiseFarfadocFluoretteGéluleGenou des AlpagesGranadilleJaddoMatthieu CalafioreYem

Pour moi c’est sûr. Quand je serai grande, je veux être médecin généraliste libéro-universitaire.

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